Charia for Liège ? - 26 septembre 2013




Il y a un peu moins d'un an, un parti improbable faisait son apparition en Région Bruxelloise. Alors que l'heure semblait être au gommage des opinions religieuses (le PSC peut en témoigner), un groupe est apparu avec une seule chose à prôner, tellement importante à leurs yeux qu'elle occupe à elle seule le nom du parti : Islam. Non contente d'avoir plus de 5000 voix dans des communes bruxelloises, la liste qui veut rendre obligatoire le port du voile devrait s'installer à Liège lors des prochaines élections. Ou quand la Charia arrive sans charivari.


Qu'on l'aime ou qu'on ait envie de se crever les tympans à chaque fois qu'elle éructe dans les micros des JT belges, il faut bien reconnaître à Joëlle Milquet une chose : le fait d'avoir débarrassé la Belgique de cette horreur nominale qu'était le PSC.

Quoi de plus archaïque en effet qu'un parti politique se définissant par sa religion. Comme si le fait d'arborer le C de Catholique (mais aussi de Crétin, Con et Cas-social) pouvait modifier l'avis qu'on se fait de BHV, du budget belge ou de l'avenir de l'Europe. Une grande partie de la presse avait applaudi ce qu'on avait alors appelé une "modernisation". La preuve ? Les Chrétiens Démocrates Fédéraux, partie religieuse du PSC lors de la scission du parti, ont disparu comme l'érection d'un cureton après le catéchisme. Evidemment lorsque, dix ans plus tard, un parti politique décide à nouveau d'utiliser une référence religieuse dans son nom, on s'attend à un élan de raillerie, à des analystes perplexes, à des résultats risibles. Surtout lorsque ce parti émane d'une religion qui n'est partagée que par une petite partie de la population belge, et qui constitue l'unique programme politique du parti. Son nom : Islam. Et d'un coup, le silence médiatique. S'il est de bon ton de critiquer les croix portées par les étudiants dans les écoles, une loi médiatique implicite semble empêcher politiciens et médias traditionnels d'analyser en profondeur tout ce qui pourrait mettre en danger l'Islam. Faute de raillerie et d'analystes courageux, certains espéraient au moins qu'un peu de logique électorale prouverait toute l'absurdité d'une idéologie politique fondée uniquement sur des préceptes religieux. Pourtant, aux élections d'octobre 2012, le parti présent dans les communes de Bruxelles-Ville, Anderlecht et Molenbeek décrochait plus de 5000 votes halals et deux sièges de conseiller communal dans les deux dernières communes citées.

Laurent Relouis


Pourtant, tout cela se limitait à Bruxelles, dans les communes où le taux d'immigration atteint des records. Mais évidemment, Molenbeek n'a pas le monopole du barbu. Et pour les prochaines élections, le parti sans édulCoran prévoit d'investir tous les min(e/a)rets exploitables.




Charleroi, Verviers et Liège sont clairement annoncées comme autant de cibles politiques vu le nombre imposant de musulmans dans ces communes. Si le pire est à craindre pour la ville noire, qui pourrait être ghettoïsée intellectuellement par le Nabila de la politique belge, Laurent Louis (oui oui, il se réclame bien du parti Islam, un peu comme si Elie Semoun jouait un maréchal du Reich), Liège ne devrait pas être épargnée avec la candidature annoncée d'une pointure du monde musulman, Mohamed Sad Guermit.

Ce professeur de religion musulmane des Athénées de Verviers et de Chênée avait milité pour un parti libéral de Verviers en 2010, mais c'est surtout pour ses déclarations au micro de la RTBF qu'il avait été médiatisé. Ce futur leader politique du peuple musulman liégeois avait déclaré qu'il était normal de favoriser les élèves voilées parce que les filles qui ne le sont pas commettent un péché. L'homme affirmait en outre que celles qui ne portent pas le voile périront en enfer. Il distribuait également des tracts pour un parti nominé Parti des Jeunes Musulmans durant ses cours et a purgé quatre mois de prison pour ces motifs, affirmant après le jugement qu'il "ne regrette rien". On comprend immédiatement que la future tête de liste ne se voilera pas la face (il réservera uniquement ce traitement aux êtres inférieurs que sont les femmes) et prônera un Islam interprété au pied de la lettre.

Un parti sans édulcorant

 
Mais finalement, qu'est-ce que ce parti qui se prétend le porte-voix d'une communauté religieuse ?

Lorsqu'on l'analyse un petit peu, on s'aperçoit rapidement qu'ils'agit d'une formation qui, jusqu'à son succès électoral évoqué ci-dessus, n'avait pour volonté affichée que de vivre selon certains principes du Coran.

Ainsi, ils se "contentaient" de réclamer le droit du port du foulard et de la nourriture halal à la cantine des écoles. Dans le même temps, cherchez la logique, les dirigeants prétendent être pour une séparation des pouvoirs politiques et religieux...

Puis, avec l'engouement médiatique qui suivit son succès électoral, le parti se montra Allah hauteur de ses résultats. Ses élus affirmèrent par exemple que : "L'Islam est la solution aux problèmes de la Belgique", un de ses élus affirmant également qu' "à long terme, quand les gens vont prendre conscience que la loi islamique est bénéfique pour le peuple belge, je pense que plus tard on s'acheminera vers un Etat islamique... tout simplement".

La déclaration qui représente le mieux le parti émane peut-être de sa tête de liste, M. Ahrouch qui affirmait que : "Nous voulons expliquer la loi de Dieu et si le peuple le désire, nous voulons instaurer la charia à la suite d'un referendum dans 10-15 ou 20 ans. Bien sûr, à l'heure actuelle, il est trop tôt. La société n'est pas prête. On devrait couper trop de rnains". Exit donc la législation belge. Place à une justice divine coupant les mains de ceux qui ne seraient pas d'accord. Et si la Belgique ne semble pas prête aux yeux de celui qui voit Ahrouch tous les matins dans son miroir, Liège et Verviers semblent déjà l'être.

Dès lors, pour les quelques millions de belges qui ne sont pas tout à fait partants pour vivre selon une législation écrite au 7ème siècle en Arabie Saoudite par un homme qui prétendait dialoguer avec Dieu, la question de la légalité de ce genre de parti se pose. Rapidement, une pétition de 40.000 personnes ayant toujours leurs mains, avait réclamé que ce parti soit interdit. Personne ne semble en avoir tenu compte. Le directeur-adjoint du Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte Contre le Racisme (CECLR) a simplement déclaré que : "Ce qu'il faut, c'est regarder les initiatives et déclarations de ce parti (...) il est évident que si, se prévalant de son programme, ce parti incite à discriminer par exemple les homosexuels, les femmes ou les non-musulmans, à ce moment-là il y a incitation à la discrimination ou à la haine, dans ce cas-là le Centre interviendra parce que c'est contraire à la loi". Depuis, rien ne semble avoir bougé, et personne n'a l'air décidé à empêcher ce parti qui semble tout sauf démocratique. Finalement, le seul point positif de cette liste néfaste pour la Province de Liège pourrait résider dans le fait qu'il devrait faire chuter le nombre de votes ethniques récoltés par le Parti Socialiste.

Dimitri Brulmans 


Ubu-Pan 26 septembre 2013